Vallée de Bargouzine

Bargouzine – vallée

Les Monts de Bargouzine dominent la rive Nord-Est du lac Baïkal et culminent à 2 841 m.

C’est entre ces crêtes majestueuses et celles d’Ikat que se situe la vallée de Bargouzine.

Le nom de la crête «Ikat» vient du mot du peuple d’Evenk «iokat» qui signifiait « un lieu d’affourragement des cerfs ».

C’est une des plus grandes et des plus belles vallées en Bouriatie qui s’étend sur plus de 200 km. Sa largeur fait 35 km et sa hauteur atteint 600 m. Ici, il n’y a presque pas de routes. En revanche, on y trouve de la taïga, des déserts, des steppes et des toundras de haute montagne.

Au Moyen Âge, la vallée de Bargouzine portait le nom «Bargoudjin-Tokoum» - « une terre bordière, frontalière » - probablement la terre où finit la frontière du monde mongol. C’est le territoire des Bargoutes, une ancienne tribu de Mongols. Pour leur fidélité à Gengis Khan, les Bargoutes ont été honorés d’un certain nombre de privilèges, parmi lesquels l’un était de servir dans sa garde privée. Gengis Khan disait que « chaque garçon né sur le territoire de Bargoudjin-Tokoum serait courageux et brave, instruit et débrouillard de par sa nature, sans aucune instruction ni aucun apprentissage. Et chaque fille née là-bas serait belle et magnifique sans être bien habillée, coiffée ni maquillée et serait habile, adroite et vertueuse ». Selon la légende, la mère du grand khan était d’origine de Bargoudjin-Tokoum.

Selon une autre légende, le khan mongol avait voyagé avec sa mère jusqu’aux tombeaux de leurs ancêtres et avant sa mort, il a demandé à être enterré sur la terre de ses ancêtres maternels.

Le château saxon de Souvo. Les rochers gracieux longs de 400 mètres au pied de la crête d’Ikat font penser aux ruines d’un château. Deux tours en pierre hautes de 50 m occupées par des martinets et des hirondelles. Pour les chamans Evenk, c’est Bargouzine lui-même – le maître du puissant vent d’Est qui habitait là. Pour les Bouriates, c’était la demeure des esprits-maîtres de Souvo, Toumourchi-noïon et sa femme Toudouguich-khatan. Depuis le sommet du « château » s’ouvre une vue sur toute la vallée de Bargouzine. Cette merveille de la nature se trouve près du village de Souvo.

Dougan Yanjima. Ce phénomène culte du 21e siècle est devenu un véritable lieu de pèlerinage. En 2005, une image de la déesse Yanjima – protectrice des arts, des sciences, des métiers, de la sagesse, de la prospérité et de l’enfantement – est apparue sur un rocher près du village de Yarigta. Selon la légende, Yanjima faisait partie de la population indigène et était une jeune fille joyeuse qui rendait les gens heureux par son chant et sa danse. Puis, elle s’était élevée dans les cieux et était devenue une princesse céleste. Yanjima, c’est le nom local de la déesse indienne Sarasvati, qui avait vécu sur Terre sous l’apparence d’une rivière claire et qui s’était élevée dans les cieux jusqu’à ce que les gens deviennent sages.

Les arbres, tout au long du sentier vers l’endroit de l’apparition magique de la déesse, sont couverts de rubans et de foulards avec des mantras. Le Datsan (temple) bouddhiste et le rocher de Yanjima sont situés aux alentours du village de Yarigta.

La vallée compte environ 10 endroits avec des sources thermales. L’accès à la plupart d’entre elles est difficile à cause de l’absence de routes asphaltées. La source la plus éloignée et la plus intéressante est Oumkhéi. Elle est située sur une île de la rivière Bargouzine, dans son amont.

Bargouzine - rivière

La Bargouzine est l'une des trois rivières importantes se jetant dans le Baïkal. D'une longueur de 480 km, elle déverse dans le lac de grandes quantités d'alluvions argileux et sableux. Elle prend sa source entre les crêtes d’Ikat et la crête de Bargouzine et traverse en zigzaguant toute la vallée pour rejoindre le Lac. Depuis le plateau de Kouïtoun avec sa belle dune de sable s’ouvre un panorama à couper le souffle sur les méandres, montagnes et vallée.

Bargouzine - vent

Le Vent Bargouzine tient son nom de la rivière dont il suit le cours avant de souffler dans la partie centrale du Baïkal. Vent puissant du nord-est dont la vitesse peut atteindre 20m/s, il provoque de brutales et fortes tempêtes, essentiellement en automne. Dans le plus connu des Contes du Baïkal, Le Tonneau d'omoules, il est un vent effrayant, mais, dans la célèbre chanson populaire Glorieuse mer – Baïkal sacré, son souffle puissant vient au secours à l'exilé fuyant le bagne pour lui permettre de traverser le Baïkal :

« Eh ! Bargouzine, soulève la vague,

Le brave atteindra bientôt le rivage. »

Bargouzine – ville

L’ostrog (forteresse en bois) de Bargouzine a été construite en 1648 et elle a marqué le début de l’histoire de la ville de Bargouzine. Au milieu du 19ème siècle, la ville de Bargouzine devient un lieu d’exil politique. C’est ici où le décembriste, poète et ami d’Alexandre Pouchkine, V. K. Küchelbecker avait vécu avec son frère.

C’est également ici où ont été exilés les membres du Cercle de Petrachevski, du parti politique «Narodnaïa Volia» (Volonté/Libérté du Peuple), les participants de la mutinerie du cuirassé Potemkine, les cadets (membres du Parti constitutionnel démocratique), les partisans du Parti socialiste révolutionnaire, les bolcheviks et les mencheviks (deux fractions du Parti ouvrier social-démocrate de Russie tsariste du début du 20ème siècle).

Dans la deuxième moitié du 19ième siècle, la dynastie des marchands Novoméiski a commencé à extraire de l’or dans la taiga de Bargouzine. La ville garde toujours ses lieux historiques et commémoratifs, les maisons des marchands, l’Église de la Transfiguration construite à 1834.

Cette petite ville de près de 6000 habitants n’a qu’un quartier d’immeubles ainsi que quelques bâtiments administratifs de l’époque soviétique. Le reste est des maisons en bois joliment décorées